Thème d’inspiration de Maison&Objet janvier 2025: Sur/Reality, de nouveaux horizons créatifs
Avec le thème d’inspiration Sur/Reality, Maison&Objet et l’agence Peclers Paris explorent en janvier la vitalité prolifique d’un nouveau Surréalisme. Il se nourrit de fantaisie, de distorsion, d’aléatoire, d’humour et de poésie pour mettre en récit de nouveaux paysages créatifs et des productions aussi surprenantes que désirables. Dans un monde complexe et chahuté, ces rêves éveillés sont autant de réalités alternatives qui proposent, par leur originalité, leur décalage et leur inventivité, d’autres réalités échappatoires et souvent jubilatoires. Des pas de côté séditieux qui mettent sur pause notre quotidien.
Cette tendance se dessine, sur le salon, en objets inattendus, en mises en scènes oniriques qui invitent au lâcher-prise, et rencontre le nouvel appétit des consommateurs pour l’étrange et la surprise.
Du surréalisme à Sur/Reality
Le mouvement surréaliste est né il y a 100 ans. Un siècle plus tard, il reste une inspiration puissante et un moteur actif pour la créativité. Si le thème rend hommage au patrimoine artistique légué par des noms illustres tels que Magritte ou Dali à travers certains codes esthétiques devenu universels, celui-ci s’ancre dans un monde résolument contemporain. Sur/Reality met en avant l’actualité vivace de ses processus créatifs. L’irréel et l’absurde se révèlent être d’incroyables outils scénographiques, révélateurs d’univers oniriques sollicitant l’émotion, l’inconscient plus que la raison.
«Nous avons voulu travailler le surréalisme de manière beaucoup plus contemporaine en questionnant son explosion dans des modes d’expression multiples et bien au-delà de la célébration du centenaire. Cette capacité à remettre du merveilleux, à bousculer l’ordre établi, est extrêmement riche et fertile pour imaginer de nouvelles formes de réalités, et ce sont les nouvelles lectures de cet univers-là que Sur/Reality révèle», expliquent Charlotte Cazals et Brune Ouakrat, de l’agence Peclers Paris.
Ce néo-surréalisme convoque volontiers le faux, le bizarre et invite à jouer avec les propriétés itératives du numérique et les infinies divagations aléatoires que permet l’IA qui ne sont pas sans lien avec l’écriture automatique ou les cadavres exquis pratiqués par les disciples d’André Breton. Questionner le réel, éveiller la curiosité par une forme d’anormalité invite à renouer avec une créativité instinctive. Les moyens de faire naître du merveilleux dans un ordre parfois trop établi ouvrent des champs créatifs riches et fertiles.
Distordre la réalité pour la réinventer
En 2023, le film Poor Things de Yorgos Lánthimos remportait un Lion d’Or à la Mostra de Venise et un succès public inespéré. «Ses codes esthétiques forts et fantastiques reposent sur une réalité distordue, à la fois étrangement familière et délicieusement dérangeante. Cette distorsion est un ressort créatif durable qui fait naître des réalités séduisantes, extraordinaires ou joyeuses, moins cadrées par les codes de nos sociétés», détaille l’agence Peclers Paris.
A l’heure des mini enceintes bluetooth, l’entreprise française LiveHorn allie le meilleur de la technologie à des formes anciennes pour produire des objets aussi high-techs qu’extravagants. Leurs pavillons géants, qui évoquent les anciens phonographes, affirment spectaculairement leur fonction: produire du bon son.
L’anormal et l’étrange ouvrent le champ de la découverte
Pataphysicien diplômé, Philippe Starck a pu pour une exposition parisienne démontrer les vertus stimulantes de cette “science des solutions imaginaires” admirée par les surréalistes, la pataphysique. Et si la Seine était un lac?
La question ubuesque soulevée par le designer génère des réinventions urbaines inspirantes. En falsifiant la réalité, en faisant se rencontrer des contraires, en se soustrayant aux lois de la logique, naissent de nouveaux langages formels qui provoquent des désordres réjouissants.
La marque italienne Seletti cultive la provocation, distille la poésie et joue avec les codes du surréalisme dans ses créations. Et l’on peut voir dans la Window lamp grenier en forme de fenêtre s’ouvrant sur un ciel bleu un clin d’œil à René Magritte, figure influente du surréalisme.
Sur/Reality par François Delclaux
«Le surréalisme me fait immédiatement penser à Magritte, qui convoque une foule d’images familières. Il y a aujourd’hui une filiation évidente avec une jeune scène artistique contemporaine, notamment avec le retour en force du dessin. Je vois cet esprit surréaliste toujours présent dans cette esthétique du “collage”, un principe d’accumulations, de superpositions, de télescopages. Si je me projette dans une formalisation de ce thème je pense à l’œil qu’on retrouve chez Magritte, chez Dali, chez Bataille ou encore Man Ray. Cet œil qui fait un lien entre le réel, sa représentation et notre “moi” psychanalytique, me paraît être une figure à nouveau centrale et fédératrice.»
Sur/Réalisme et numérique
Au XXIe siècle, comment repenser l’écriture automatique et le rêve au prisme des nouvelles technologies? Cette «dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison» chère aux surréalistes n’est pas sans évoquer les utilisations exploratoires de logiciels comme Midjourney avec la convocation de milliers d’images qui s’entrechoquent et ouvrent des possibilités créatives inattendues. Cette nouvelle écriture automatique provoque de nouvelles références qui se créent grâce au digital mais qui vont permettre de repenser nos constructions réelles. Les créations de l’artiste et graphiste Pilar Zeta émergent des mondes virtuels qu’elle conçoit pour s’installer dans la réalité des intérieurs.
La poésie entre dans la maison
Avec Sur/Reality, les objets viennent mettre du piment dans la banalité quotidienne quand, poétiques, ils invitent à la rêverie, ou, facétieux, ils se distinguent comme des remèdes à la morosité. Il y a une sorte de gratuité du geste dans le mode de conception. Les objets s’affranchissent de la rationalité normative, sortent des injonctions pragmatiques de la technologie et accompagnent au contraire un besoin de rêverie, d’échappée. Ils sont un trait d’union entre l’ordinaire et le merveilleux. Les contenus deviennent contenants avec les céramiques de Bordallo Pinheiro qui prennent la forme de choux, de noix ou de papaye. Les pieds des verres à cocktails se distordent chez &Klevering avant même que la boisson ne trouble les sens. Les nuages deviennent des assises terre à terre pour Jonathan Adler.
La marque Malabar réalise avec les artisans portugais du mobilier et des objets dont elle revendique les inspirations artistiques. Le surréalisme s’inscrit dans ses références et ses créations. Une chaise longue molle qui s’appuie sur un parallélépipède précieux évoque Dali. Les miroirs se déforment en courbes subtiles ou en circonvolutions sophistiquées.
Faye Toogood, designer de l’année
Ce n’est pas une “surréalité” mais une présence bien concrète: Faye Toogood est nommée designer de l’année 2025 par Maison&Objet. La designer britannique s’attache à «unir l’artistique au quotidien pour rendre le paysage de nos vies moins ordinaire» avec des productions éclectiques, pour le design ou la mode. Des paysages nourris de son travail rigoureux, poétique et avant-gardiste, des productions de son studio, de ses collaborations brillantes avec des grandes maisons d’édition d’objets et de mobilier, prendront une forme inédite sur l’édition de janvier du salon.
Surprise et rêverie dans l’expérience client
Il s’agit de créer la surprise et elle repose souvent sur des changements d’échelles déstabilisants, des jeux de proportions qui intriguent, une absurdité qui amuse. La nouvelle boutique Camper de Londres est affublée d’un pied géant. Le Café fleurs, pop-up store de Jacquemus à Séoul s’ouvre comme un immense sac Bambimou, bestseller de la marque.
A Copenhague, Jaime Hayon invente de son côté un petit théâtre surréaliste tandis que le Joann Tan Studio joue pour les vitrines Hermès avec de pures références surréalistes en associant, flottant dans l’espace, une bouche brillante, un nez sculptural et des nuages cotonneux.
Hospitalité, le goût de la théâtralité
Plus que la surprise, dans le monde de l’hospitalité, la Sur/Reality joue sur un mélange d’influences très référencées, un anticonformisme arty où le luxe s’exprime dans le déraisonnable. Le décor autant que les pâtisseries “futuristes” de l’enseigne turque Kaimakk créent un univers de faux-semblants étonnants. Une spectaculaire fontaine s’impose une pièce montée géante animée de fausses éclaboussures qui semblent faites de sucre Candy. Au Café Prada de Londres, les moulures et les circonvolutions des balustrades se heurtent à un sol géométrique, échiquier géant en noir et blanc. Le jeu des formes et des lumières génère une atmosphère qui oscille entre romantisme et fantastique.
Julien Sebban dessine les nouvelles couleurs de l’Hospitality
Le fondateur du collectif Uchronia, auteur de nouveaux lieux remarquables et producteur “d’expériences englobantes”, apportera son regard frais et son expertise aguerrie dans ses nombreux projets au nouveau What’s New? In Hospitality initié en janvier. Il produira à travers une sélection de produits et de scénarisations dédiées, un décryptage et des réponses concrètes aux besoins des professionnels de l’art de recevoir.
Mélanie Leroy, directrice générale de Maison&Objet commente: «Nous poursuivons avec l’agence Peclers Paris un travail à la fois de décryptage des attentes des consommateurs dans un contexte mouvant et d’identification des tendances stylistiques tangibles, génératrices de nouveaux business. Inspiration, curation, solutions reste le triptyque vertueux qui structure la traduction du thème sur le salon à travers une sélection pointue de produits et des scénographies inédites.»
Sur/Reality et ses interprétations seront déclinés sur les trois What’s New? In Decor, In Retail et In Hospitality. Ces prises de parole exclusives de la marque Maison&Objet conjuguent au pluriel l’inspiration. Celle-ci s’exprimera au travers de scénographies inédites et d’une curation pointue des nouveaux produits qui feront la singularité des assortiments retail, comme le succès des projets d’architectures d’intérieur. De quoi accompagner efficacement les partenaires, marques, retailers et prescripteurs, dans le développement de leur business. Trois métiers qui bénéficient chacun d’un vrai programme dédié.
«Alors que l’on célèbre le centenaire de ce mouvement esthétique total, Maison&Objet révèle son influence sur la création contemporaine dans le monde du design et de la décoration. C’est une invitation à parcourir des univers fantaisistes et oniriques hautement inspirants, à l’escapade, à la rêverie et à l’exploration de nouvelles réalités alternatives grâce à des technologies comme l’IA», conclut Mélanie Leroy.
Fil rouge sur le salon, mis en scène par les curateurs de Maison&Objet et accompagné par des Talks, Sur/Reality investira également l’ensemble de l’écosystème de Maison&Objet, des sélections de la plateforme MOM aux événements de Paris In The City. Autant de prismes qui permettront d’appréhender les déclinaisons créatives et inspirantes de ce thème unique.