Le pavillon du Liban à la 60ᵉ Exposition internationale d’Art – La Biennale di Venezia, qui se tient du 20 avril au 24 novembre 2024, a été inauguré avec Danser avec son mythe, une installation multimédia captivante de l’artiste Mounira Al Solh, sous le commissariat et la direction artistique de Nada Ghandour.
L’inauguration s’est déroulée en présence de l’ambassadrice du Liban en Italie S.E. Mme Mira Daher, du ministre de la Culture des Émirats arabes unis, S.E. M. Sheikh Salem Al Qassimi, de la Commissaire et curatrice Nada Ghandour, de l’artiste Mounira Al Solh, de l’architecte-scénographe Karim Bekdache, de la curatrice associée Dina Bizri, de la galeriste de l’artiste la fondatrice de la galerie Sfeir-Semler Andrée Sfeir-Semler, d’officiels, de représentants des institutions partenaires et des amis du Liban.
Karim Bekdache, Nada Ghandour et Mounira Al Solh.
Placé sous l’égide du ministère de la Culture et organisé et produit par la Lebanese Visual Art Association (LVAA), le Pavillon du Liban a invité Mounira Al Solh à créer un passage entre mythe et réalité au sein de l’Arsenale. Son installation de grande envergure, composée de 41 pièces – dessins, peintures, sculptures, broderies, vidéo – se déploie dans les 180 m2 qu’occupe le Pavillon. En revisitant le mythe de l’enlèvement d’Europe, l’artiste met en perspective les aspirations et les défis auxquels sont confrontées les femmes actuellement. Sur la toile, le papier et l’écran, son processus créatif associe le récit allégorique et l’approche documentaire, l’appropriation et le détournement, à travers des représentations aussi réalistes que poétiques, et très contemporaines.
Représentant le ministre libanais de la Culture, le juge Mohammad Wissam Al-Mortada, Nada Ghandour a transmis son message lors de l’inauguration: «Au Liban, nous saisissons pleinement l’importance des événements culturels internationaux pour promouvoir le respect et la compréhension mutuels. Notre pavillon, implanté au cœur de l’Arsenale, symbolise une célébration du pouvoir de l’art en tant que langage universel. C’est également une occasion pour nos artistes d’interagir avec un public international et de favoriser les échanges culturels. Nous sommes honorés de participer à cet événement prestigieux et de mettre en avant la scène culturelle dynamique du Liban.»
Lors de son discours, Nada Ghandour a déclaré: «Le Pavillon du Liban de 2024 est un lieu exaltant l’émancipation, la liberté, la solidarité et l’égalité des genres. C’est un lieu de dialogue audacieux, à travers le temps et sur une terre plus que jamais résiliente. Le Pavillon du Liban présente au public cette exposition afin de nourrir la conscience sociale et politique collective grâce à la puissance de l’art.»
Mounira Al Solh a souligné: «L’installation que j’ai créée pour le Pavillon du Liban est intimement liée à la Méditerranée, que ce soit dans l’utilisation de références historiques, d’images ou des couleurs. Elle comporte de nombreuses références à notre histoire, en particulier aux éléments de l’époque phénicienne, qui sont à la fois reconnaissables et essentielles pour notre héritage.»
Danser avec son mythe s’organise autour d’un bateau invitant à un voyage symbolique d’émancipation et d’égalité des genres. Sa structure inachevée signale que ce voyage n’a pas complètement abouti. L’installation se déploie dans un parcours structuré par des rapports de forces. Au centre, l’esquif est situé à mi-chemin entre les œuvres picturales et graphiques qui prônent la remise en question des normes de genre et la lutte pour la parité, et les masques incarnant les forces conservatrices de la société. Les objets présents dans l’espace tiennent aussi un rôle dans le film (12 minutes) projeté sur la voile-écran du bateau.
Les dessins de Mounira Al Solh forment la trame d’un motif central développé dans des peintures qui défient l’iconographie traditionnelle. Transposition, détournement, dénaturation constituent les moyens de la stratégie déployée par l’artiste. Diverses figures archétypales de la culture phénicienne ou de la mythologie peuplent, de façon détonante et parfois cocasse, un monde intermédiaire entre l’allégorie et la réalité. La temporalité de Danser avec son mythe n’est pas celle de la légende mais celle de l’artiste en dialogue avec le spectateur, ici et maintenant.
La scénographie, conçue par l’architecte Karim Bekdache, sans réaménagement ni cloisonnement de l’espace, permet une immersion totale. Y concourent la progression vers un horizon infini peint en bleu-gris, couleur de la mer et du ciel de Tyr, ainsi que le long ponton en bois sinueux qui traverse le pavillon de bord en bord et qui fait le lien entre la terre et la mer. La rencontre entre les œuvres et le visiteur se fait au fil de la déambulation.