Après deux ans de travaux, le sculpteur Anachar Basbous inaugure le MAB, “Mohtaraf Anachar Basbous”, situé dans le village de Rachana, dans le caza du Batroun au Liban-Nord, sur une étendue de terre surplombant la mer.
Plus de 50 œuvres, créées entre 2017 et 2022, sont installées au MAB Anachar Basbous. Elles sont réalisées avec différents matériaux, dont l’acier, l’acier Corten et inoxydable, le marbre, le bois, l’aluminium, le basalte et le béton. Influencé par son père, le grand sculpteur Michel Basbous, et par sa mère, l’écrivaine et poétesse Thérèse Aouad, Anachar Basbous connaît la sculpture dès son enfance et exécute son premier projet dans l’atelier de son père à 10 ans. Il est maintenant exposé au MAB.
Anachar profite de ses dons pour préserver l’héritage de sa famille, et la façon dont Rachana se reflète dans l’art de l’artiste est clairement observée dans les moindres détails. Il achète un terrain en face de sa maison à Rachana, surplombant la mer, qui se distingue par deux éléments caractéristiques des villages de sa région. Le premier, le “baydar”, espace plat, localisé dans un endroit venté, choisi avec grand soin et où, au moment de la récolte, les graines de blé et d’avoine sont séparées. Le second est la “rejmeh”, grand talus formé de petites pierres que les paysans ramassaient et entassaient dans un même coin, libérant ainsi la majorité de leurs terres pour la plantation. La décision de construire son atelier sur ce site est vite prise. Anachar et l’architecte Jawdat Arnouk décident d’édifier un bâtiment monolithique en béton brut, incrusté dans le sol du côté est et qui se prolonge vers l’ouest en porte-à-faux, dans un envol vers la mer.
Le MAB se présente comme bien plus qu’une simple collection de sculptures, c’est une expérience narrative, une histoire du voyage et de l’œuvre de l’artiste, et un hommage à sa mère et à son père. En leur honneur, est aménagée une salle avec une ouverture vitrée au plafond qui reflète sur le ciel et laisse entrer la lumière zénithale. S’y trouve sur la table une pièce en bronze réalisée par Michel Basbous en 1954.
Selon Anachar Basbous, le thème prédominant du MAB est l’idée d’une machine à voyager dans le temps. Ce sera une occasion pour le public pour explorer, à la fois, le domaine de l’art moderne et le passé avec la même curiosité insatiable qui le pousse à faire le tour du monde. «Je crois que l’espace captivera son public d’une manière qui lui permettra de ressentir un sentiment de connexion avec le passé à travers son odorat, la terre sous ses pieds et les émotions ressenties envers l’ancienne génération», souligne l’artiste.
Anachar Basbous sculpte des formes géométriques et les integer pour construire une forme architecturale qui établit une conversation avec son environnement et interagit avec la lumière du soleil. Avant de poursuivre des cours en art, il étudie l’architecture, et cet aspect est évident dans son travail, notamment dans ses expositions les plus récentes. Ses sculptures, assemblées à partir de différents éléments, donnent l’impression de se déplacer dans l’espace, tout en soulevant des questions sur les dichotomies telles que la gravité et le magnétisme, et la relation entre le corps et l’âme. Finement travaillées, elles incluent Météorite, présentée à l’exposition d’Artcurial Monaco, dans les jardins de la Principauté, aux côtés d’une gamme de réalisations signées par des artistes de renom des XXe et XXIe siècles. Ses créations sont aussi acquises par l’Institut du monde arabe à Paris et Christie’s Londres. D’autres se trouvent dans des collections publiques et privées au Liban et à travers le monde (Canada, France, Jordanie, Koweït, Qatar, Singapour, Espagne, Suède, Arabie saoudite, Etats-Unis d’Amérique, Royaume-Uni et les Emirats arabes unis), y compris les musées, les hôtels, les maisons privées et les jardins.