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Boubker Benjelloun: un virtuose du design et du développement immobilier, un visionnaire et un philanthrope

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Ce sont les hauts et les bas de la vie qui ont façonné la carrière de Boubker Benjelloun. Se relever après les chutes, persévérer en dépit des défis, penser aux plus démunis tout en réalisant des œuvres architecturales d’exception. Voilà en quelques mots le parcours d’un nageur chevronné, qui, guidé par une passion sans pareille, devient un designer et développeur aussi doué qu’innovateur, dont les ambitions rayonnent aux quatre coins de la planète bleue. Ce n’est pas pour rien qu’il abandonne son cabinet dentaire à Paris pour se lancer à corps perdu dans un domaine qui l’exalte depuis son plus jeune âge: le design et le développement immobilier. Entretien.

Boubker Benjelloun, un designer et un développeur au service de l’humanité.

De champion de natation à un précurseur en architecture et un maître développeur, vous avez un parcours atypique. Qui est Boubker Benjelloun?
Je suis originaire du Maroc. J’ai eu cette chance exceptionnelle de grandir dans un environnement privilégié et d’être le fruit d’une éducation riche et diversifiée. J’ai également eu la bénédiction de grandir auprès d’une mère profondément engagée dans l’éducation de ses enfants qui m’a transmis les valeurs de l’amour et du travail et d’un père qui m’a inculqué le respect de la nature et des paysages.
Mon parcours est un exemple de passion, de persévérance et d’innovation constante. Me démarquant dès l’enfance par mes performances de nageur au sein de l’équipe nationale marocaine, je passais d’interminables heures à m’entraîner dans les bassins, ce qui m’a valu de nombreux trophées. C’est pendant que j’enchaînais ces milliers de longueurs que j’imaginais la manière d’améliorer le paysage urbain. Depuis mon enfance, je me représente des dessins et des projets immobiliers, et c’est ce qui continue à caractériser mon travail aujourd’hui.
J’ai pourtant débuté ma carrière professionnelle dans un tout autre domaine. Mes parents m’avaient encouragé à emprunter une autre voie, et c’est ainsi que j’ai fondé un laboratoire d’implantologie à Paris. Mais, malgré le succès fulgurant de ce laboratoire dentaire, je n’arrivais pas à m’épanouir dans ce secteur. La lassitude qui me gagnait m’a poussé à me réorienter vers l’architecture et le développement immobilier.

Qu’est-ce qui a le plus marqué votre enfance?
Mon enfance a été marquée par l’influence de ma mère. Je la revois assise sur les gradins de la piscine municipale où je m’entraînais durant des heures. Une mère aimante, toujours prête à se sacrifier pour ma sœur et moi. Je me souviens aussi de mon père, paysagiste engagé et passionné, qui avait une connaissance illimitée de son métier et qui m’a transmis les valeurs qui m’accompagnent encore aujourd’hui. Je n’oublierai jamais quand, petit, je l’accompagnais dans les serres où il travaillait et que je prenais le temps de contempler ces centaines d’arbres et de plantes qui ont bercé mon enfance.

Como Tower, bâtiment emblématique.

Qu’est-ce qui a déclenché votre passion – et plus tard votre carrière – pour l’architecture et le design?
J’ai toujours été passionné, voire obsédé, par l’architecture et le design. Pendant que je nageais, je redessinais dans ma tête chaque coin de ma ville. Je perdais toute notion du temps et, malgré l’intensité des séances d’entraînement, je me sentais libre et apaisé. Comme je l’avais dit, le premier chapitre de ma carrière professionnelle a été consacré à un secteur complètement différent. Mais l’ennui m’a poussé à abandonner cette activité pour me dédier totalement à ce qui me faisait vibrer depuis tout petit. Je pense qu’il est absolument fondamental de poursuivre ses rêves et de faire ce qui nous tient véritablement à cœur.

Como Tower, entrée spectaculaire.

Quels genres de défis avez-vous rencontrés au début de votre carrière? Et quels sont les enjeux auxquels vous êtes constamment confronté?
Au début de ma carrière, j’ai fait face à des problèmes majeurs de gestion et d’organisation. Je pensais pouvoir gérer seul mon entreprise et j’avais une approche des affaires à l’ancienne. Je n’étais pas du tout conscient de la nécessité d’une comptabilité sans faille ou de m’entourer d’une équipe juridique qualifiée, et cela m’a coûté un lourd tribut. Bien que les affaires prospéraient, ces graves lacunes m’ont fait lamentablement échouer.
Aujourd’hui, c’est complètement différent. Je dispose d’une structure composée de plusieurs centaines de collaborateurs basée aux Emirats arabes unis et dans d’autres pays, ce qui me permet d’enchaîner les projets à succès à travers le monde.

Vue du penthouse en bord de mer le plus cher du monde, Como Tower.

Vous êtes tenté par le challenge et le risque. Cela vous pose-t-il beaucoup de problèmes?
Le challenge et le risque font partie intégrante de mon parcours. Bien qu’ils soient parfois porteurs de problèmes, ils m’ont permis de réaliser des projets extraordinaires.
Lorsque j’ai créé mon laboratoire dentaire avant même la fin de mes études, mes camarades m’ont pris pour un fou, mais je me suis retrouvé le plus jeune étudiant de Paris Ile-de-France à avoir démarré cette activité avant même d’avoir décroché mon diplôme. J’étais très fier aussi bien de ma réussite que de mon établissement rue du Lac, à Paris. Très jeune, je gagnais extrêmement bien ma vie, mais je ne voulais pas m’éterniser dans cette zone de confort. J’adore les défis et les challenges qui, pour moi, loin d’être des contraintes, me font avancer. Il faut savoir que je m’étais lancé dans le développement immobilier et l’architecture sans avoir suivi le cursus adéquat. Ma motivation, ma passion et mon acharnement au travail sont venus combler ces lacunes, et c’est ce qui me fait aujourd’hui douter du système éducatif traditionnel.

Infinity Pool.

Comment avez-vous appris à ne pas baisser les bras face aux obstacles?
L’absence totale de structure au Maroc m’a amené, durant mon aventure, à m’associer malgré moi avec les mauvaises personnes, lesquelles ont profité de mes lacunes organisationnelles. L’échec retentissant auquel cela a débouché m’a certainement appris la résilience. Dans la vie, il faut parfois toucher le fond et souffrir le martyre pour enfin trouver les solutions, rebondir et ainsi jouir d’un bonheur extrême. Comme dans le sport, il ne faut jamais baisser les bras ni rien lâcher. Les solutions existent toujours et, avec le recul, on se rend compte que l’échec est un passage obligé pour se propulser plus haut.

Une architecture impressionnante.

Parlez-nous de vos réalisations et de vos projets… Et quels sont ceux dont vous êtes le plus fier?
Ma vision et mes idées m’ont permis de développer des projets d’envergure internationale, de Mumbai à Singapour, en passant par le Qatar, l’Arabie saoudite et, plus récemment, les Bahamas et l’Italie. Parmi les plus récents, le Como Tower à Palm Jumeirah, Dubaï, un véritable chef-d’œuvre architectural dont je suis particulièrement fier, notamment d’y avoir battu en décembre dernier le record du penthouse en bord de mer le plus cher du monde, vendu pour plus de 150 millions de dollars. Ce projet a propulsé encore plus notre entreprise sur le devant de la scène. D’autres conceptions aussi exceptionnelles verront le jour dans les mois et les années à venir. Le musée de l’Humanité qui est en phase de finalisation, le World African Island, projet ultra-luxueux sur l’eau ou encore le plus grand stade de football du monde, doté d’une technologie lui permettant d’accueillir des millions de spectateurs.
Nous travaillons également sur plusieurs tours qui vont marquer le paysage urbain des Emirats. Notre cabinet d’architecture a pour objectif de révolutionner le secteur. Bien que certains de nos projets soient extrêmement luxueux et destinés à une élite, nous nous efforçons de mettre notre expertise au service de la communauté. C’est dans cette optique que nous investissons, mon associé Ben et moi-même, autant d’efforts, par exemple, dans la construction de la plus longue piste cyclable suspendue des Emirats, la Dubai Cycle Line.
Mon souhait est que chacun puisse profiter et bénéficier des infrastructures que nous créons.

World African Island.

A quoi reconnaît-on votre style?
Je suis capable de visualiser des projets finis avant même d’avoir dessiné la première esquisse. Mon audace en matière d’architecture est un atout déterminant sur lequel je m’appuie pour convaincre mes nouveaux partenaires. Pour le Como Tower à Palm Jumeirah, je me souviens avoir insisté, malgré le scepticisme de mes ingénieurs, à intégrer une gigantesque arche à la base de l’édifice afin d’en faire un chef-d’œuvre international. Après de longues discussions, j’ai réussi à prouver à mes équipes que cette structure était non seulement techniquement réalisable, mais qu’elle offrirait également un graphisme spectaculaire.

Quel est votre ‘‘secret’’ à rester créatif et distinct dans les différents projets que vous entreprenez?
J’essaie toujours de réfléchir et de créer différemment du reste du monde pour éviter de tomber dans la banalité et le déjà-vu. Je suis né avec cette force de caractère qui me permet de ne pas me fixer de limites dans mes conceptions.

The Pointe.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans un projet?
Ce qui compte le plus pour moi, c’est de réussir à marquer les esprits une fois que les projets voient le jour et sont opérationnels dans le milieu urbain. Je cherche toujours à ce que mes créations suscitent l’envie de les découvrir.

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Quelle est la phase la plus longue dans la conception d’un bâtiment signé Boubker Benjelloun? Et comment est lancé un projet?
La phase la plus longue est celle qui suit la phase de conception, celle où je m’illustre. C’est la phase technique où mon partenaire Ben est champion du monde toutes catégories (sourire). C’est lui qui doit donner vie aux projets de mon imagination.

Dans quelle mesure les contraintes du site, les envies des clients et votre vision du design affectent-elles votre travail? Vous arrive-t-il de changer d’avis devant un client exigeant?
Pour être honnête, j’arrive systématiquement à convaincre mes clients avec mes designs. Je suis capable de bien saisir leurs idées, et ma vision les pousse généralement à me suivre.

Dubai Fashion Resort.

Quel monument/projet existant auriez-vous aimé concevoir? Et quels changements y auriez-vous effectués?
Il y en a plusieurs, mais il y en a un sur lequel j’aurais particulièrement voulu travailler. J’ai eu l’occasion de voir les images du Grand stade de Casablanca qui sera le plus grand stade du monde avec une capacité de 115 000 places, et je suis resté un peu sur ma faim. Loin de moi l’idée de critiquer le remarquable travail des excellents architectes en charge de ce projet, mais en tant que Marocain, fier de mon pays, j’ai été un peu triste de ne pas voir un projet qui représenterait les racines de mon pays. J’aurais aimé voir un édifice qui reflète l’architecture et les matériaux authentiques marocains. J’aurais voulu que ce stade soit un musée à ciel ouvert conçu pour rayonner et marquer les générations futures pour des centaines d’années. J’ai eu l’envie de redessiner ce stade et j’ai demandé à 15 personnes de mon équipe de travailler sur le projet que j’avais en tête. Un exercice juste pour le fun. Et pourquoi pas! Peut-être pourrait-on l’offrir à mon pays pour qu’un autre stade, magnifique, puisse accueillir la Coupe du monde de football en 2030.

Qu’est-ce qui vous anime… à part votre passion pour l’architecture et le développement immobilier?
L’accomplissement financier et l’accumulation de biens matériels qui en résultent ne sont plus une source de satisfaction. Ce qui me motive et m’anime le plus, c’est que mes actions puissent éventuellement améliorer la situation des plus défavorisés et, par conséquent, pouvoir me dédier à ceux qui en ont le plus besoin. Si, à travers mes actions, je peux embellir leur quotidien, alors je pourrais dire que j’ai vraiment réussi.

Le village éthiopien.

La création de la fondation familiale, B. Foundation, témoigne de cet engagement à soutenir des causes sociales et humanitaires. Quel a été le déclic pour la lancer?
La philanthropie a toujours fait partie de moi et cela fait maintenant plus de vingt ans que je m’efforce d’être aussi actif que possible. Depuis que je suis arrivé à Dubaï, j’ai décidé de faire de ma fondation une priorité pour moi et ma famille.
Nous avons récemment entrepris la reconstruction de l’un des villages les plus pauvres du monde, situé au sud de l’Ethiopie. Mon ambition est que ces initiatives se multiplient à travers le continent africain et dans le monde au cours des années à venir. Apporter les infrastructures manquantes dans les régions les plus reculées et permettre aux plus nécessiteux de reprendre leur vie en main, tout en leur redonnant la dignité qui leur revient, est mon but ultime. Avec cette fondation, mon objectif est de leur donner un avenir plus juste et équilibré. Pour moi, le véritable luxe réside dans l’aide apportée aux autres, source de bonheur inégalable. Elle représente également l’héritage ultime que je souhaite laisser à mes merveilleux enfants.

L’objectif de Boubker Benjelloun est de donner aux nécessiteux un avenir plus juste et équilibré.

Cette fondation qui a vu le jour au Maroc est aujourd’hui basée en Ethiopie. Pourquoi avoir choisi ce pays? Avez-vous l’intention d’étendre vos activités dans d’autres régions dans le besoin?
Mon premier voyage dans cette région du monde m’a fait prendre conscience de la nécessité d’intervenir et de venir en aide à des peuples magnifiques qui n’ont absolument rien. Ce village est le point de départ, mais nous voudrions nous déployer à travers le monde. Je souhaiterais que ces femmes, ces hommes et ces enfants exceptionnels aient l’opportunité de prouver leurs potentiels pour un avenir meilleur. Pouvoir organiser des manifestations d’envergure internationale autour de l’art ou du sport leur permettra de construire un futur et faire prospérer leurs économies pour les prochaines générations.

Pour Benjelloun, le véritable luxe réside dans l’aide apportée aux autres.

Quelle est votre vision pour le futur de cette fondation?
C’est un rêve d’enfant, qui a grandi avec moi ; qui m’accompagne à chaque instant ; qui occupe intégralement mon esprit. Il s’agit d’assister les plus démunis, ceux que la vie n’a pas épargnés. En effet, la B. Foundation commence à lancer des mouvements un peu partout en Afrique. Actuellement, nous travaillons sur une application extraordinaire et la création d’un conseil de fondation composé d’anciens lauréats du prix Nobel et des personnalités influentes. Leur expertise contribuera au succès de cette association et permettra à des millions, voire des milliards de personnes de vivre dans un monde meilleur. Et cela est une extraordinaire réussite et un incroyable bonheur auxquels tout un chacun devrait aspirer.

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